Qu’est-ce ?
Un autre type de culpabilité, considéré comme « compréhensible » et nettement plus destructeur, découle d’une construction mentale de « pseudo cause à effet ».
Le lien n’est pas forcément directement imputable à celui qui culpabilise, mais le sentiment semble indéfectible.
La première source est sociale. Des personnes lambda (plus vraisemblablement des parents ou amis du défunt) reprochent un acte, une parole, une situation qui a causé le décès . Par exemple, une personne roule et freine trop tard. L’accident tue le passager. Le conducteur prudent n’avait pas bu et l’obstacle était inévitable. Ce manque d’intention coupable n’empêchera pas les tiers de juger le conducteur pour la perte, bien qu’il s’agisse d’un tragique accident. Il en ressortira un affect coupable induit de manière externe.
Ensuite, dans ce même contexte, le conducteur pourrait se faire des reproches directement. L’émotion dans ce cas provient d’une intime conviction. Exemple : Pourquoi l’ai-je supplié de m’accompagner ce soir-là ?
La troisième raison est judiciaire. A titre d’exemple, imaginons que les autorités analysent la situation, font des prélèvements et découvrent que le conducteur avait consommé des médicaments. La culpabilité découle des faits reprochés pénalement bien que les conséquences aient été involontaires.
Ces trois subdivisions peuvent s’appliquer et se combiner à pléthore de cas divers et variés.
L’essence-même de la culpabilité compréhensible étant que, peu importe la source, la personne se fait des reproches car elle a fait ou omis de faire quelque chose (un acte, un geste, une parole) qui a créé un dommage quelconque à la personne décédée.
La question de la responsabilité, qu’elle soit morale ou pénale, n’entre pas en jeu -il ne s’agit d’ailleurs pas de définir une imputabilité réelle- car elle induit un jugement. Il faut donc se recentrer sur la vraie interrogation qui consiste à découvrir comment gérer la culpabilité induite par le décès.
Comment la surmonter ?
Plusieurs étapes sont nécessaires pour dépasser cet état.
Tout d’abord, il est indispensable de mettre des mots sur son mal-être et d’identifier le sentiment. Comme le dit l’adage, «Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime ». Ne pas communiquer n’effacera pas les circonstances du drame. Cependant, mettre des mots dessus, permettra de ne pas minimiser sa peine. En cas de nécessité, un spécialiste aidera à prendre du recul et embrasser la situation avec neutralité.
Ensuite, assumer la situation est essentiel. Nier l’existence de l’affect ainsi que la réalité du décès, de même que se perdre en conjectures, est une perte de temps inutile. Essayer de rester le plus objectif possible sur « d’éventuels torts » – qui bien souvent n’en sont pas- est la clé. Pareillement, lorsque des tiers font valoir des arguments fallacieux, il est impérieux de faire valoir son point de vue et sa vision de sa situation dans le plus grand des respects mutuels (dans l’hypothèse où les reproches sont faits par une autre personne que le drame a endeuillée également). Il faut purifier et objectiver mentalement la relation entourant les circonstances du décès.
Si après ces étapes le sentiment coupable persiste, une manière de surmonter celui-ci est de le transformer en élément positif. Que ce soit dans une optique d’amélioration ou de « réparation » envers la société , le défunt ou simplement envers sa propre individualité. Cela ne permettra pas d’oublier le passé, mais c’est en changeant son ressenti envers le futur, que la personne pourra à nouveau se projeter.
Tant le psychologie moderne que la justice pénale ou encore les religions insistent sur l’importance de la réparation et peu importe en réalité la manière dont chaque individu choisit d’appréhender les choses, tant qu’elle est positive.